À la fin du XIXe siècle jusqu’au début de la Première Guerre mondiale, les Bourses du travail, qui avaient l’ambition militante d’émanciper la classe ouvrière de l’emprise des employeurs et de l’État, proposèrent à leurs publiques des formations professionnelles et de façon plus générale un accès à un savoir plus large. En 2018, dans le 9^e volume des Cahiers d’Histoire du Cnam dédié à la formation professionnelle dans le secteur industriel, le chercheur David Hamelin* revient sur cette importante période de l’histoire du syndicalisme.

Le mouvement des Bourses du travail s’est déployé́ en France entre 1887 et 1914. Ces structures, pensées et animées par les militants syndicalistes se développèrent dans la perspective d’aider au quotidien les populations laborieuses et de préfigurer la société de demain qui sortirait d’une révolution sociale et économique à laquelle aspirait et se préparait la plupart de leurs fondateurs. Parmi les très nombreuses activités déployées par ces Bourses du travail, les cours professionnels, imaginés comme un rempart à la déqualification des travailleurs, furent assurément les services ayant le plus de succès notamment en matière de nombre de bénéficiaires, et ce malgré des moyens limités et le manque de réel de soutien au sein de la Confédération générale du travail (CGT). Plus largement, ces cours permettaient de légitimer le rôle de ces Bourses auprès des pouvoirs publics locaux et nationaux qui apportaient l’essentiel des financements dans un contexte très conflictuel, mais aussi auprès de la masse des travailleurs que les syndicalistes souhaitaient atteindre et attirer au sein de la CGT. Cependant le modèle des cours professionnels porté par les Bourses du travail rencontre des limites à la fin des années 1900, du fait de l’entrée des enseignants à la CGT et d’une meilleure prise en considération de l’enseignement professionnel par les pouvoirs publics, affaiblissant des cours qui profitèrent pourtant à des dizaines de milliers d’apprentis.

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Retrouver aussi tous les articles du volume 9 “Former la main-d’oeuvre industrielle en France. Acteurs, contenus et territoires (fin xixe et xxe siècles) (I/II)” des Cahiers d’Histoire du Cnam

* Du Centre de recherche interdisciplinaire en histoire, histoire de l’art et musicologie (Criham) 

Photo : La Bourse du travail indépendante, rue des Vertus (Le Monde illustré, mars 1902).

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